Baisse de la consommation de vin en Suisse: quels défis pour les crus locaux en 2025?
La tradition viticole suisse traverse une zone de turbulences. Selon les dernières statistiques publiées en 2025, la consommation de vin dans le pays a reculé de 8%, pour s’établir à 218,4 millions de litres. Un chiffre qui ne reflète pas seulement une baisse de volume, mais aussi une perte de terrain des crus helvétiques qualifiée de «majeure» par Berne: leur part de marché est passée de 39% à 35,5% en l’espace d’un an. D’après l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), cette tendance à la baisse, amorcée depuis plusieurs années, traduit un profond changement des habitudes de consommation.
Vins suisses en difficulté
En 2024, un total de 218,4 millions de litres de vin a été consommé en Suisse, soit 18,6 millions (-7,9%) de litres de moins qu’en 2023. Cette baisse se reflète autant dans les vins blancs (-5,9%) que dans les vins rouges et rosés (-9%). La consommation de vins mousseux a également diminué (-2,5%), pour s’élever à 22,8 millions de litres.
Les vins suisses sont particulièrement affectés, avec une chute de 16% de leur consommation: 77,4 millions de litres ont été bus en 2024, soit 14,7 millions de litres de moins que l’année précédente. Leur part de marché est ainsi passée à 35,5%, en recul de 3,4%.
D’après l’Observatoire suisse du marché des vins, relayé par l’OFAG, les ventes de vins suisses auprès des huit plus grands distributeurs du pays ont diminué de 5,5% en un an. Ces détaillants représentent 30,5% de la consommation totale de vins suisses, le reste étant écoulé par le biais de la restauration, de l’hôtellerie ou de la vente directe. Les prix moyens des vins suisses vendus chez ces distributeurs ont légèrement progressé, enregistrant une hausse de 1%.
Pourquoi les Suisses boivent-ils moins de vin?
Plusieurs facteurs expliquent ce recul. Les jeunes générations consomment globalement moins d’alcool et se tournent davantage vers des alternatives sans alcool ou à faible teneur. Une conscience accrue autour de la santé encourage également une consommation plus modérée. Par ailleurs, la concurrence des vins étrangers reste forte, même si leur consommation connaît elle aussi une légère baisse.
Ce phénomène ne concerne pas uniquement la Suisse: la France, l’Italie ou encore l’Allemagne observent des évolutions similaires. L’ensemble du marché viticole européen est en mutation.
Un impact direct sur les vignerons suisses
Cette contraction de la consommation frappe de plein fouet les producteurs suisses, notamment ceux qui misent sur les circuits courts et les cépages autochtones. Dans un marché devenu plus concurrentiel et sélectif, les crus locaux peinent à maintenir leur visibilité et leur attractivité.
Le Valais prend les devants: premiers États généraux de la viticulture
Conscient des enjeux, le canton du Valais–premier producteur de vin en Suisse–a organisé en avril 2025 les premiers États généraux de la viticulture à Conthey. Plus de 250 professionnels du secteur s’y sont réunis pour réfléchir ensemble à l’avenir de la filière.
Trois axes principaux ont structuré les discussions: la gouvernance de la filière, la stratégie commerciale à long terme et l’adaptation aux nouvelles attentes des consommateurs. Un rapport de synthèse est attendu prochainement pour guider les décisions futures, tant au niveau politique qu’économique.


Quelles pistes pour relancer la consommation de vins suisses?
Les professionnels s’accordent sur plusieurs leviers d’action. Il s’agit d’abord de moderniser l’image des vins suisses, en travaillant sur le design des étiquettes, le storytelling et une présence plus active sur les réseaux sociaux. Le développement de l’œnotourisme et d’expériences immersives autour du vin est également perçu comme un moyen efficace de renforcer le lien avec les consommateurs. Par ailleurs, proposer des cuvées issues de l’agriculture biologique, à faible teneur en alcool ou disponibles en petits formats, permettrait de mieux répondre aux attentes actuelles. Enfin, la vente directe et les circuits courts, notamment via des plateformes en ligne, apparaissent comme des canaux à renforcer.
Redonner aux Suisses le goût du local
Face à la baisse de consommation, il devient crucial de reconnecter le public aux terroirs helvétiques. La qualité, la diversité et l’authenticité de la production viticole doivent être mieux mises en valeur, en particulier auprès des jeunes générations, attentives aux enjeux de durabilité et de proximité. Loin d’être une fatalité, cette période de transition représente aussi une opportunité de modernisation pour la filière suisse, en renforçant le lien entre producteurs et consommateurs, et en renouvelant l’intérêt pour les crus locaux.
Dans ce contexte, les prochaines Caves Ouvertes constituent un moment privilégié pour rencontrer les vignerons, découvrir les nouveautés et s’imprégner de la richesse des terroirs suisses. En savoir plus









