La Suisse brassicole: entre tradition, diversité et nouvelles tendances

Si la Suisse est mondialement reconnue pour ses fromages et ses chocolats, elle se distingue également par son patrimoine brassicole. Avec la plus forte densité de brasseries par habitant en Europe, le pays offre une palette de bières variées. Cette richesse brassicole s’accompagne d’une évolution notable des habitudes de consommation, marquée par une baisse générale de la consommation de bière et une croissance significative des sans alcool.
La bière est ancrée dans la culture helvétique depuis le VIIIe siècle, comme l’attestent les premiers témoignages écrits mentionnant l’existence de centres brassicoles. Il y a fort à parier que la bière était déjà brassée durant la période celtique et gallo-romaine. Faute de preuves concrètes, le savoir-faire brassicole fut (ré)introduit par les moines bénédictins irlandais, fondateurs de l’abbaye de Saint-Gall en 719. Au cours des siècles suivants, pendant le Moyen Âge, la bière ne se développa pas particulièrement en dehors du canton de Saint-Gall. Avec la première autorisation de production professionnelle, délivrée en 1635 dans le canton de Berne, la production se démocratisa lentement, mais sûrement. Bien plus tard, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, plusieurs innovations technologiques révolutionnèrent les techniques de fabrication. Une véritable industrie se mit ensuite en marche grâce aux travaux de Pasteur dédiés notamment à la conservation des levures, l’avènement du chemin de fer et l’invention des machines frigorifiques. En parallèle, les brasseurs helvétiques se réunirent et fondèrent la Société suisse des brasseurs, en 1877.
DES CHIFFRES CLÉS POUR MIEUX CERNER LE MARCHÉ
En 2024, selon l’Association suisse des brasseries (ASB), la production indigène de bière s’établit à 3 529 963 hectolitres, tandis que les importations atteignent 954 375 hectolitres. La consommation totale de bière en Suisse est de 4 484 338 hectolitres, soit une moyenne de 49,3 litres par habitant. Le secteur compte aujourd’hui 1166 brasseries assujetties à l’impôt sur la bière. La restauration en absorbe près d’un quart, confirmant le rôle central de ce circuit de distribution.

UNE BELLE DIVERSITÉ DES STYLES DE BIÈRES
La scène brassicole suisse se distingue par la diversité des styles produits sur son territoire. Chaque type reflète le savoir-faire et la créativité des brasseries, petites ou grandes:

- Ambrée: douce ou amère, elle se distingue par son caractère malté et ses notes de caramel.
À cette liste s’ajoutent d’autres styles comme la Schwarzbier, la Pale Ale, le Porter/Stout, les bières à l’avoine, à l’épeautre, au maïs, au riz, ou encore les versions élevées en barrique, légères ou même en cocktails. - Lager: la plus répandue, légèrement houblonnée, de fermentation basse.
- Pils: plus corsée et houblonnée, également de fermentation basse.
- Bière de froment (blanche): souvent trouble ou claire, de fermentation haute, riche en gaz carbonique et en arômes fruités.
- Bière forte: généreuse, aromatique, à fort taux d’alcool, fermentation basse ou haute.
- Bière de saison: brassée pour les périodes de Noël ou de printemps, avec un profil corsé.
- Ambrée: douce ou amère, elle se distingue par son caractère malté et ses notes de caramel.
À cette liste s’ajoutent d’autres styles comme la Schwarzbier, la Pale Ale, le Porter/Stout, les bières à l’avoine, à l’épeautre, au maïs, au riz, ou encore les versions élevées en barrique, légères ou même en cocktails.
L’ESSOR DES BIÈRES «NOLO»
«No alcohol» et «low alcohol», en abrégé «nolo». Deux notions, un seul et même objectif: exalter les papilles de ses amateurs. À première vue, le «sans alcool» ou une «faible teneur en alcool» peuvent faire écho au concept de «Dry January», consistant à ne pas consommer une seule goutte d’un quelconque alcool durant le mois de janvier.
La bière sans alcool connaît une croissance notable en Suisse. En 2024, la production de bières sans alcool augmente de 12%, atteignant près de 313 000 hectolitres. Cette tendance s’explique par une demande croissante pour des alternatives plus saines et une amélioration significative du goût de ces bières. Artisanales ou industrielles, les bières sans alcool gagnent en notoriété auprès des consommateurs.
À cela s’ajoute une accessibilité renforcée: aucune limite d’âge n’est imposée pour la dégustation de ces produits. De quoi familiariser un public jeune ou curieux avec les arômes de la bière, sans attendre l’âge légal de 16 ans requis pour les versions alcoolisées.
COMMENT SONT-ELLES PRODUITES?
Selon la législation suisse, une bière est considérée comme sans alcool si elle contient au maximum 0,5% d’alcool en volume. Une teneur infime, sans effet physiologique, mais suffisante pour…