L’Alimentarium fête ses 40 ans avec une exposition visionnaire

L’Alimentarium de Vevey dévoile SYSTEMA ALIMENTARIUM, une exposition immersive et engagée qui interroge notre rapport à la nourriture à travers une approche sensorielle et réflexive.
Une plongée lucide et poétique dans notre système alimentaire
Peut-il encore être question de bien manger lorsque l’alimentation actuelle met en péril la santé humaine, les équilibres environnementaux et la justice sociale? À l’occasion de son 40e anniversaire, l’Alimentarium de Vevey s’empare de cette problématique à travers l’exposition SYSTEMA ALIMENTARIUM. Vers une grande révolution alimentaire?. Ce parcours dense et ambitieux propose une réflexion inédite en mêlant art contemporain, installations interactives, objets historiques et archives visuelles.
Imaginée par l’anthropologue et directeur du musée Boris Wastiau, l’exposition tisse des liens entre science, histoire, agriculture, écologie et culture populaire. Le résultat? Une traversée aussi troublante que nécessaire, du potager luxuriant à ciel ouvert à la dystopie plastique.

Boris Wastiau, directeur du musée et auteur de l’exposition.

Avec son paysage anthropique, le Jardin fait partie intégrante de la scénographie du Musée.
Quand manger devient vecteur d’évolution
Des civilisations antiques aux fast-foods, des révolutions agricoles aux désastres écologiques, SYSTEMA ALIMENTARIUM remonte le fil de ce que manger signifie vraiment. Plutôt que de prescrire, l’exposition invite à réfléchir: derrière chaque bouchée, il y a des choix politiques et des possibles à réinventer. C’est ce que symbolise la photographie monumentale, s’imposant sur 18m2, de Fabrice Monteiro (cf. image ci-dessous) en ouverture de parcours. Représentant ainsi le vrai coût de notre assiette. Une image qui, selon Boris Wastiau, «nous confronte à la part d’ombre de notre consommation».

art, sciences et vécu émotionnel
Au cœur de l’exposition, l’œuvre vidéo The Garden of Life and Death de l’artiste britannique d’origine éthiopienne Theo Eshetu, commandée spécialement pour l’occasion, explore les tensions entre abondance et précarité alimentaires en mêlant images symboliques et récits sensoriels. Les photographies issues de l’agence Magnum Photos documentent quant à elles les réalités du champ à l’assiette pendant que les objets historiques et autres artefacts contemporains poursuivent cette exploration des rapports socio-alimentaires.
Une approche, donc, ars et mundus; une signature forte de l’Alimentarium qui tient sa promesse d’être à la fois musée et laboratoire d’idées.
Une invitation à l’introspection
Le parcours se clôt sur une installation immersive où chacun est invité à réfléchir à ses propres choix alimentaires. Éliminer, restreindre, inciter, éduquer? À travers cette dernière séquence, le musée rappelle que l’alimentation n’est jamais neutre. Elle engage nos corps, nos sociétés et notre avenir collectif.
Boris Wastiau résume: «Personne n’échappe au système alimentaire, mais chacun peut y jouer un rôle.» Et de fait, SYSTEMA ALIMENTARIUM donne à voir, à comprendre, mais surtout à ressentir pour mieux agir.