ENTRE HANOÏ ET SAIGON, LE COEUR BALANCE
Hanoï, capitale vietnamienne, est réputée pour son charme désuet dont la photogénie inspire les artistes. Saigon (Hô Chi Minh-Ville) lui dame le pion au niveau économique. Exploration de deux facettes du Vietnam, entre héritage traditionnel et modernité galopante.
Si le Vietnam attire de plus en plus de Suisses vers ses plages enchanteresses, il serait coupable de s’en tenir à son offre balnéaire. Ses deux mégapoles-au Nord et au Sud-révèlent l’âme d’une nation énergique, sentimentale, pragmatique et travailleuse. Une découverte de ces deux pôles peut être grandement simplifiée en optant pour une combinaison aérienne incluant les deux aéroports.
CHAOS ARCHITECTURAL
C’est un marché d’Hanoï, non loin du quartier où les ventres creux vont déguster du chien rôti. Quelques tortues barbotent dans des bassines. Pour finir en bouillon? Pas toujours. La plupart des passants les achètent pour les relâcher, comme les oiseaux en cage. Rendre sa liberté à un animal serait bon pour le karma.
La ville elle-même se serait-elle réincarnée en une sorte d’hybride-moitié postcolonial, moitié globalisé-avec ses cantines à même le trottoir et ses Starbucks au coin de la rue? Un déroutant assemblage d’anciennes constructions de l’Indochine française (1887-1954) et d’immeubles contemporains signe le caractère de cette mégapole encore imprégnée d’un millénaire d’influence chinoise.
Au fil du temps, les habitants ont modifié leurs logements, selon leurs besoins et leurs moyens, y ajoutant des balcons, des vérandas, des enseignes lumineuses et autres climatiseurs. Ces excroissances, souvent réalisées sans permis de construire, ont créé un paysage urbain hétérogène et surchargé. La réglementation existe, mais son application est souvent complexe et variable selon les quartiers.


Héritage
«L’implantation historique de l’Empire du Milieu a beau s’être achevée en 938, on continue de détester les Chinois», relève Kim Son, un guide diplômé qui a appris le français, «peut-être en référence aux anciennes traditions en voie de disparition.»
On passe devant le prestigieux Opéra, construit au tout début du XXe siècle par les colonisateurs, dans l’esprit du parisien Palais Garnier. On parcourt de larges avenues bordées d’anciens immeubles jaunes également édifiés par la France. Plus on s’aventure dans le cœur de Hanoï, plus on remonte dans le temps. Comment imaginer que dans ce vétuste quartier de commerçants -autrefois regroupés par corporations-le prix du m² atteigne désormais celui de Londres ou Tokyo?







