Dr Humberto Delgado «Le meilleur moyen de lutter contre le diabète, c’est une alimentation saine»

Véritable problème de société dû à de mauvaises habitudes alimentaires et à un mode de vie trop sédentaire, le diabète gagne du terrain. En Suisse, il touche de plus en plus des gens et, pire, les malades sont de plus en plus jeunes. Pourtant, il est possible de s’en prémunir, ou de le combattre, sans pour autant renoncer aux plaisirs de la gastronomie.
Longtemps cantonné, dans l’inconscient collectif, à sa forme auto immune nécessitant des injections quotidiennes d’insuline, ou à une « maladie de vieillesse », le diabète s’est modernisé et gagne du terrain. En Suisse, il atteint des personnes de plus en plus jeunes. En cause, notre style de vie moderne dans lequel on mange mal et on ne bouge pas assez.
Spécialiste en diabétologie et endocrinologie au Centre interdisciplinaire de diabétologie de la Clinique de Genolier, le docteur Humberto Delgado connaît bien cette maladie. Et c’est avec un délicieux accent chantant qu’il nous explique en quoi elle consiste, à quoi elle est due et, surtout, comment la combattre efficacement sans pour autant renoncer au plaisir.

Le diabète, qu’est-ce que c’est ?
Pour rester simple, c’est quand le corps a de la difficulté à utiliser le sucre qui est le principal fournisseur d’énergie de notre corps. Mais quand on dit sucre, on ne parle pas du nombre de morceaux de sucre qu’on met dans son café, ni des bonbons qu’on mange. On parle des glucides, hydrates de carbone et farineux contenus dans notre alimentation.
Il en existe deux types, c’est juste ?
Classer le diabète en deux types est insuffisant, parce qu’en réalité c’est bien plus complexe. Mais, en gros oui, on peut dire ça. Le type 1, dans lequel le pancréas ne sécrète pas d’insuline et qu’il faut compenser par des auto-injections d’insuline. Et le type 2, dans lequel l’insuline a du mal à agir et est sécrétée de façon insuffisante ou déficiente. À ce jour, on peut les traiter convenablement et, sous certaines conditions, les prévenir.
Et c’est ce type 2 qui est en augmentation ?
Absolument. Avant, on disait que c’était une « maladie de personnes âgées ». Mais avec le mode de vie actuel : le stress, l’alimentation complètement erronée avec un excès de protéines d’origine animale, de farines raffinées, d’aliments, salés ou sucrés, ultra-transformés, de graisses d’origine animale, de boissons sucrées et de fast food, le diabète de type 2 augmente dans notre société. Au point qu’aujourd’hui, même les adolescents peuvent être considérés comme étant à risque s’ils présentent un surpoids ou de l’obésité. Et si vous ajoutez à cela le manque d’exercice physique, vous obtenez un cocktail très dangereux pour la santé. Et le plus sournois, c’est que le diabète est une maladie silencieuse, sans signes ni symptômes.

Comment le détecte-t-on, alors ?
La plupart du temps, après un contrôle chez le médecin de famille, avec une prise de sang qui met en évidence un taux de glucose trop élevé. Quand on reçoit le malade dans la consultation interdisciplinaire de diabétologie, on évalue ses risques : stress, surpoids, manque d’activité physique, antécédents familiaux, tabagisme, etc. Ensuite, on pose un diagnostic adapté à chaque cas.
Peut-on le soigner ?
Oui, bien sûr. On va travailler sur trois axes : d’abord, et c’est essentiel j’insiste là-dessus, on va sensibiliser le patient à la nécessité de modifier radicalement et durablement son alimentation. Attention, on ne parle pas ici de régime, mais bien de modifier à long terme son alimentation, avec des protéines contenant des fibres, comme on en trouve dans les légumineuses (lentilles, pois chiche, haricots rouges, verts, jaunes…), des farines non raffinées (par exemple des pains complets) et un apport de graisses de type oléagineux (amandes, noix, noisettes). Ensuite, on va susciter l’intérêt de réaliser une activité physique, individuelle ou en groupe, toujours de façon personnalisée et adaptée à chaque situation. Enfin, on va proposer, si nécessaire, des médicaments qui aident à stabiliser le diabète tout en favorisant la perte de poids et la prévention de certaines complications secondaires du diabète, rénales ou cardiaques notamment.
Une personne atteinte de diabète donc doit renoncer à un repas gastronomique ?
Oh non ! Surtout pas ! Il faut garder le côté épicurien et hédoniste de la vie ! L’alimentation fait appel à des notions ancestrales, culturelles, familiales, à des saveurs, des odeurs de repas dans la maison. Ça doit toujours rester un plaisir ! Le plaisir joue un rôle essentiel. Rien n’empêche une personne diabétique de se permettre des petits écarts. Je le dis toujours à mes patients, il faut un double plaisir : un plaisir gustatif et le plaisir de se faire du bien à la santé. Il faut manger des choses bonnes, saines et de qualité. Il faut manger « bon » et garder à l’esprit l’importance fondamentale des fibres. Le régime, c’est fini ! Ça ne sert à rien d’autre qu’à créer des frustrations. Il faut manger sainement, sans bouder son plaisir, et savoir simplement se montrer raisonnable sur le long terme.
Poursuivez votre lecture en cliquant ici.

Partenariat éditorial avec la Clinique de Genolier