Aux origines de Lamartine et de Courbet en Bourgogne-Franche-Comté

Proche de la Suisse, la Bourgogne-Franche-Comté possède des atouts de charme pour un séjour de quelques jours. Et pourquoi ne pas en profiter pour suivre les traces de grands hommes nés dans la région ?
Autour de Mâcon et de Besançon, en Bourgogne- Franche-Comté, les trajectoires d’Alphonse de Lamartine et de Gustave Courbet emmènent en voyage dans l’histoire. *
ALPHONSE DE LAMARTINE : MILLY OU LA TERRE NATALE
A l’occasion des 150 ans de la mort d’Alphonse de Lamartine (1790-1869), la visite de sa maison familiale à Milly prend une dimension particulièrement émouvante. A quinze kilomètres de Mâcon, où il est né, cette demeure du XVIIIe siècle a des allures de ferme viticole plus que de maison bourgeoise. Habitée depuis 1860 par la famille Sornay – à qui Lamartine vendit la maison pour échapper à la ruine – elle possède un agréable jardin, avec ses cèdres ramenés du Liban et sa table en pierre sur laquelle il écrivit des poèmes. A l’intérieur, une partie de la tapisserie et du mobilier sont d’époque, tels la table et les bancs en bois de la cuisine.
Au fil des explications passionnées de la famille Sornay, le visiteur se figure aisément l’enfant allant garder chèvres et vaches sur les collines environnantes – les montagnes de ses écrits romantiques –, s’échappant peut-être loin de sa dévote mère. Puis le jeune homme faisant régulièrement des allers-retours depuis Paris, où il connaît le succès en tant que » poète à la mode « . Enfin, l’homme politique brisé par la mort de ses deux enfants et de sa mère, poursuivi par les créanciers à la fin de sa vie, trouvant dans cette maison un refuge rempli de souvenirs heureux relatés dans Les Confidences (1849). Il revient à Milly au moins une fois par an à l’époque des vendanges, comme en témoigne le poème La Vigne et la Maison (1857).
* Voyage de presse organisé par Bourgogne-Franche Comté Tourisme, du 21 au 23 mars 2019 (www.bourgogne-tourisme.com).
Aux portes de la Suisse, le château de Joux servit de prison d’Etat pour Mirabeau et Toussaint Louverture.
Avec ses airs de Toscane, Milly inspira surtout à Lamartine son poème Milly ou la Terre natale (1830), dont un vers en particulier retient l’attention, au moment d’entrer dans la maison : » Sur le seuil désuni de trois marches de pierre / Le hasard a planté les racines d’un lierre « . Nul lierre ne poussant à cet emplacement, sa mère en fit planter au pied de la façade où il est toujours visible aujourd’hui. Sous l’influence de la littérature gréco-latine, il fallait voir dans le lierre romancé de Lamartine un symbole d’amour, de fidélité et d’attachement.*
Le chef étoilé Christian Gaulin propose une cuisine du terroir saine et inventive au Restaurant Pierre à Mâcon.
GUSTAVE COURBET : ORNANS ET LA VALLÉE DE LA LOUE
« Je fais comme la lumière, j’éclaire les points saillants et le tableau est fait. » Ainsi parlait Gustave Courbet (1819-1877), qui avait pour habitude de noircir la toile à l’aide de bitume de Judée – un matériau bon marché.
* Visites guidées du 1er mai au 30 septembre, le dimanche et les jours fériés à 16h. Groupes > 10 personnes toute l’année sur rendez-vous, +33 (0) 6 60 59 79 75.
C’est dans ce paisible jardin à Milly que Lamartine écrivit ses premiers vers. Sur la façade, le lierre planté par sa mère.
Ce peintre réaliste développa une oeuvre sociale et politique dans la même mouvance que l’écrivain naturaliste Emile Zola. Alors qu’il aurait fêté ses 200 ans en 2019, le lieu le plus emblématique à visiter sera le Musée Courbet à Ornans, son village natal à vingt-cinq kilomètres de Besançon (musee-courbet. doubs.fr).
Toussaint Louverture inspira à Lamartine la pièce du même nom sur l’abolition de l’esclavage.
Au bord de la Loue, les trois bâtisses historiques et l’extension contemporaine ont été rouvertes en 2011. La collection permanente comprend de nombreux tableaux dénotant son attachement aux paysages d’Ornans et de la Vallée de la Loue, bien qu’il vécût de nombreuses années à Paris. A relever le Portrait du grand-père Oudot (vers 1847), propriétaire de vignes et négociant en vins, Une papeterie à Ornans (vers 1865), Le Chêne de Flagey (1864), le Renard pris au piège (1860) ou encore Le château de Chillon (1874). Rappelons qu’il s’était exilé en Suisse en 1873, s’installant à La Tour-de- Peilz jusqu’à sa mort.
OÙ SE RESTAURER
• Restaurant Pierre (1 étoile Michelin), à Mâcon, www.restaurant-pierre.com
• L’Impala des Vignes, à Chevagny-les-Chevrières, www.limpaladesvignes.com
• Les Gamins, à Besançon, page Facebook « Les Gamins – Cantine heureuse »
• Hôtel-restaurant L’Atelier de Donat, à Malbuisson, www.latelierdedonat.com
OÙ SE LOGER
• Hôtel Panorama 360, à Mâcon, www.hotelmacon-panorama360.com
• Hôtel-spa Les Rives Sauvages, à Malbuisson, www.les-rives-sauvages.fr
Deux tableaux de Courbet : Bord du lac Léman (1874), visible à Besançon, et Le Château de Chillon (1874), exposé à Ornans.
A l’occasion du bicentenaire de sa naissance, trois expositions sont prévues : Courbet, dessinateur (jusqu’au 29 avril), reprise à l’automne au Musée Jenish à Vevey ; Yan Pei-Ming face à Courbet (10 juin-30 septembre) ; Courbet/ Hodler (31 octobre-5 janvier). Restaurée en 2009, la Ferme familiale Courbet propose aussi des événements spéciaux à Flagey, tandis qu’une programmation variée anime la région. Les randonneurs pourront suivre huit tracés reliant des sites parcourus ou immortalisés par Courbet.
AUTRES LIEUX DE MÉMOIRE À VISITER
MÂCON ET ENVIRONS
Château de Saint-Point
Offert à Lamartine en 1820 pour son mariage avec Mary-Ann Birch, il fut restauré par le poète dans le style gothique romantique. Il y repose aujourd’hui dans le caveau familial. Le château, resté tel quel, se visite (www.chateaulamartine.com).
La Solitude ou Pavillon des Girondins
Petit pavillon en bois au milieu des vignes du château de Monceau où Lamartine écrivit l’Histoire des Girondins. Extérieur visible librement, intérieur accessible lors des Journées du patrimoine et sur demande.
Musée des Ursulines
Jusqu’à mi-juillet, expo temporaire sur la construction du monument de l’Esplanade Lamartine à Mâcon. Dès juillet, un nouvel espace permanent sera consacré à sa carrière littéraire et politique, avec une collection inédite d’oeuvres d’art et manuscrits.
Château de Pierreclos
Lamartine aurait eu un fils illégitime avec Nina, épouse de son ami Guillaume Michon de Pierreclos. C’est aussi là qu’il aurait entendu l’histoire qui inspira Jocelyn. Ce château privé possède une vue imprenable sur le vignoble et se visite sans guide. Dégustations de vins bio, boutique, salles de réception et chambres d’hôtes complètent l’offre (www.chateaudepierreclos.com).
BESANÇON ET ENVIRONS
Maison natale de Victor Hugo
La place Victor Hugo ou « place des grands hommes » a vu naître Hugo (1802-1885), Nodier (1780-1844) et les frères Lumière (1862-1954 / 1864-1948). Courbet y séjourna quelques années lorsqu’il fréquentait le Collège royal. Dans la Maison natale d’Hugo, à visiter l’apothicairerie du rez-de-chaussée et une expo sur ses combats. L’application « Balade des gens célèbres » emmène dans Besançon sur les traces d’hommes et de femmes célèbres (Hugo, Courbet, Colette, etc.).
Musée des Beaux-Arts de Besançon
À voir une dizaine d’oeuvres de Courbet, dont l’Hallali du cerf (1867), Le Pont Saint-Sulpice sur l’Areuse (1873) et Bord du lac Léman (1874) (www.mbaa.besancon.fr).
Château de Joux
Proche de Pontarlier, cette forteresse médiévale servit de prison d’Etat. Elle hébergea Mirabeau et Toussaint Louverture, figure des mouvements anticolonialistes, qui y périt. Cet homme noir inspira à Lamartine sa pièce sur l’abolition de l’esclavage. Visites guidées uniquement (www.chateaudejoux.com).
Photos : Réane Ahmad