PARIS, ÉVITEZ LES ARNAQUES DURANT LES OLYMPIADES

Treize millions de visiteurs sont attendus à Paris pour les Jeux Olympiques.La plupart des visiteurs étrangers qui ont obtenu des billets pour les jeux ont probablement assuré le gîte, mais pas nécessairement le couvert. Les restaurateurs seront-ils tentés, malgré les contrôles qui se sont intensifiés, de faire flamber les prix ou de donner un coup de pouce ? Leur clientèle habituelle, présente pendant les jeux, n’apprécierait guère, ce qui devrait entraîner une certaine modération. Mais si le prix des plats reste à peu près stable, il faudra être attentif à celui des vins ! Nous avons lancé une enquête pour sonder quelques bons bistrots et un restaurant de poisson qui ont pignon sur rue. Ils sont formels : le prix de leurs menus restera inchangé ainsi que la qualité des produits.
D’autant plus que les J.O., comme on dit, n’ont pas été récemment suivis d’embellies pour les pays organisateurs et ont laissé des souvenirs mitigés. Alors, profitons-en, se disent quelques prestataires de services peu scrupuleux, hôteliers, restaurateurs et autres. Athènes 2004 a marqué le début d’une crise de la dette souveraine qui a failli entraîner la Grèce quelques années plus tard dans le gouffre. Londres 2012 s’est déroulé à la veille d’une surenchère – le Brexit – qui ne semble plus faire l’unanimité chez les Britanniques. À Rio 2016, les jeux se sont déroulés en même temps que la plus grave crise économique qu’a connu le Brésil depuis les années 2000. Tokyo 2021 : Les jeux se sont déroulés en silence, sans le moindre public, soumis au confinement du Covid-19.
Treize millions de visiteurs sont attendus à Paris pour les Jeux Olympiques. Une partie venant d’Ile-de-de-France n’aura pas à se loger sur place, mais les provinciaux et les étrangers devront trouver un logement, ce qui dépasse largement les capacités hôtelières. D’où la crainte d’une surenchère qui avait poussé les pouvoirs publics à l’automne dernier à engager des contrôles, car si les prix sont libres, des règles d’affichages et des normes sont à respecter en fonction de la catégorie des hôtels (de 2 à 5 étoiles). Les Services de la répression des fraudes ont été mobilisés, d’autant plus qu’en septembre l’office du tourisme de Paris prévoyait un prix moyen passant de 169 euros en juillet 2023 à 699 euros pendant l’évènement sportif ! L’association de consommateurs UFC-Que Choisir estimait, dans une étude publiée le 27 décembre, que le «prix moyen pratiqué pour la nuit du 26 au 27 juillet 2024 serait de 1 033 euros, contre 317 euros pour celle du 12 au 13 juillet, soit une hausse de 226%». Ces chiffres ont été rapidement contredits par un comparateur de voyages nettement moins alarmiste qui observait début avril 2024 qu’en moyenne les prix des hôtels avaient chuté d’une centaine d’euros ces six derniers mois. La demande, très forte en fin d’année 2023, s’était presque tarie en février dernier. Effet des alertes sécuritaires, bruits de bottes en Ukraine, conflit au Moyen Orient, nul ne sait. La majorité des sites de réservation d’hôtels font appel à la technique du yield management, qui consiste à faire varier les prix en fonction de la demande des clients, soit à la hausse, soit à la baisse pour améliorer la marge commerciale.
Voilà pourquoi les prix moyens d’une nuit dans un hôtel – entre 2 et 3 étoiles – a diminué, passant de 351 euros en janvier 2024 à 327 euros en février et 340 en mars, alors qu’en octobre de l’année précédente le prix moyen d’une chambre dans ces catégories était de 447 euros.
La plupart des visiteurs étrangers qui ont obtenu des billets pour les jeux ont probablement assuré le gîte, mais pas nécessairement le couvert. Les restaurateurs seront-ils tentés, malgré les contrôles qui se sont intensifiés, de faire flamber les prix ou de donner un coup de pouce ? Leur clientèle habituelle, présente pendant les jeux, n’apprécierait guère, ce qui devrait entraîner une certaine modération. Mais si le prix des plats reste à peu près stable, il faudra être attentif à celui des vins ! Nous avons lancé une enquête pour sonder quelques bons bistrots et un restaurant de poisson qui ont pignon sur rue. Ils sont formels : le prix de leurs menus restera inchangé ainsi que la qualité des produits.
LES PHILOSOPHES

Xavier Denamur est un restaurateur hors normes. Les prix seront maintenus cet été. Adepte du « fait maison », il fustige le trompe-couillon et milite pour la transparence : le pâté campagnard est celui des frères Chapolard à Mezin, les bœufs du sauté bourguignon ou du tartare ont brouté dans l’Aubrac, les légumes sont acheminés depuis son potager du Lot-et-Garonne. C’est une cuisine-manifeste contre l’agrobusiness, les sauces en poudre, les surgelés, pour les produits frais, le bio, le naturel et la vanille de Madagascar. Menu 35 €. Ambiance joviale, efficace et décontractée. Sans réservation. Grande terrasse. Annexe : Au petit fer à cheval. Ouvert tous les jours. 28, rue Vieille du Temple, 75004 Paris. Tél. +33 1 48 87 49 64
BISTROT PAUL BERT

Bertrand Auboyneau est, depuis vingt-cinq ans, une figure tutélaire de la bistronomie parisienne. Pour les J.O. « Évidemment, on ne change rien », nous dit-il. Il connaît bien sa clientèle, française et étrangère, et lui fait partager ses goûts aussi bien pour une raviole de foie gras, une barbue, beurre blanc aux épinards frais, qu’un filet au poivre, frites maison, ou une langue de bœuf sauce piquante. Son soufflé au Grand Marnier est fameux. Vins classiques et nature. On s’en tire – satisfait – à partir de 80 €. Terrasse. Fermé dimanche et lundi 18, rue Paul Bert, 75011 Paris. Tél. +33 1 43 72 24 01
LA CAGOUILLE

Position éthique d’André Robert, patron de la Cagouille, par rapport aux J.O. : « Nous ne changeons rien, ni la carte, ni les prix. » C’est sa façon de « participer à un évènement que je ne connaîtrai plus », nous confie-t-il. La carte, sauf en ce qui concerne les huîtres de Marenne-Oléron, dépend de la marée, via Rungis. Présence assurée des moules, des couteaux et du poulpe en entrée et pour suivre, le maigre, le Saint Pierre, les petits rougets et le mulet, très simplement apprêtés. C’est la signature « Cagouille ». De jolies bouteilles en cave. Délicieux Paris-Brest. Compter 70 € (à la carte). Terrasse couverte. Ouvert tous les jours, toute l’année. 10, place Brancusi, 75014 Paris. Tél. +33 1 43 22 09 01
MAGNUM 150CL

C’est la brasserie dans l’air du temps, à l’orée du Parc Monceau, consacrée aux vins, des plus modestes (Côte Roannaise) aux bouteilles d’importance. La charcuterie provient d’un salaisonnier du Tarn et la saucisse et l’agneau de Lozère. La carte est établie par Matthieu Garrel (Le Bélisaire 15è), un chef d’expérience qui pilote l’équipe jeune et affairée. Carte mobile, au gré des saisons, mais où l’on est assuré de trouver quelques fondamentaux : pâté de tête, escargots, filets de thon rouge en entrée ; vol-au-vent et rognons, steak tartare au couteau, pêche du jour de petits bateaux. Classiquement s’impose l’île flottante ou l’omelette norvégienne au dessert. Précision d’importance, le restaurant est ouvert tous les jours et les prix (compter 70 € ticket moyen) seront inchangés pendant l’Olympiade 2024. Ouvert tous les jours. 1, rue de Phalsbourg, 75017 Paris, Tél. +33 1 43 80 90 43
LE PINCEAU

Gabrielle Stiquel et Pierre Jacquemet modifient les horaires d’ouverture de leur échoppe pittoresque dans les hauts de Bellevillepour pendant les J.O. Mais, ni les prix (base 50 € en moyenne), ni la qualité des produits, ni le soin apporté à leur mise en œuvre seront modifiés. Chaque jour, quatre entrées, viandes, volaille (pigeon servi en pithiviers sur commande) et poissons, seront à la carte en fonction du marché. Très belle sélection de vin nature. Horaire spécial J.O.: fermé le midi. Ouvert le soir de 18:00 à 23:30 y compris samedi et dimanche. 3, rue Denoyez, 75020 Paris, Tél. +33 9 81 08 30 35